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Le Temps des veillées: la légende de Jack O'Lantern et d'Einar le forgeron

Samhain, Halloween, Samonios.. Peu importe le nom qu'on lui donne, il s'agit toujours d'une fête majeure dans la communauté païenne et sorcière. Et, à vrai dire, bien que ce soit peu répandu en France, c'est un jour susceptible de plaire à tout le monde, païens ou non: se déguiser, aller chercher des bonbons, ritualiser, creuser des citrouilles.. Saviez-vous, d'ailleurs, qu'il ne s'agit pas, traditionnellement, de citrouilles, que l'on creuse ce jour-ci? Laissons le tavernier du Petit Café des Cimes nous raconter l'origine de cette coutume..

Dans le beau pays d'Irlande, au cœur d'une petite ville verdoyante, se trouvait un Maréchal-Ferrant que peu de gens aimaient. Jack, c'était son nom, était tristement réputé pour son avarice, sa méchanceté, et son penchant pour le whisky que la taverne servait.

Un soir, alors qu'il finissait sa soirée, ivre et fatigué, à sa table favorite, il vit quelqu'un approcher. A l'aspect de sa barbe, pointue, et qui rebiquait, à ses yeux pétillants de malice, et ses habits qui prouvaient sa richesse, pas de doute pour Jack: c'était bien le Diable qui se tenait devant lui. A son habitude, ce dernier tenta le pauvre ivrogne: "Laisse moi ton âme, lui disait-il. Laisse moi ton âme, et je te promets de la bière à foison, de l'or à ne plus savoir qu'en faire.. Offre moi juste ton âme en échange.." Rusé, mais néanmoins attiré par ces alléchantes propositions, Jack demanda au Diable qu'il lui offre un dernier verre avant d'accepter. Le Malin se transforma alors en pièce, pour payer la boisson, et Jack la plaça aussitôt dans sa poche, avec la croix qu'il portait constamment dans son blouson. Coincé par le pouvoir de la croix, incapable de se transformer à nouveau, le Diable fut contraint d'accepter le marché du Maréchal-Ferrant: "Je te libère, si tu promets de ne pas venir chercher mon âme avant que ne se soient écoulés dix ans."

Les années passèrent, et le Diable finalement revint chercher Jack. Il le trouva sur un petit sentier, face à un grand pommier. "Oui, je sais, fit Jack. Je vais venir. Mais avant, tu devras m'attraper une pomme, dans cet arbre." Surpris, mais pressé de conclure son marché, le Diable grimpa à l'arbre, et Jack se hâta de graver une croix sur le tronc, et le Malin fut de nouveau coincé. "Je te libère, dit Jack, si tu promets de ne jamais prendre mon âme". Evidemment, le pacte fut signé.

A la mort du Vieux Jack, celui-ci se rendit au Paradis. Mais l'accès lui fut refusé: il avait été avare, paresseux, méchant et ivrogne. Soupirant, las, il se rendit au seuil de l'Enfer: "Je ne peux t'accepter ici, dit le Diable. Je t'ai promis de ne jamais prendre ton âme!

- Mais, où vais-je aller, alors? Le Paradis m'est interdit, et toi, tu ne peux pas m'accueillir!

- Tu n'as pas ta place ici. Tu es condamné à errer, et à ne jamais trouver le repos que les défunts obtiennent. C'est ce que tu obtiens, en jouant avec Moi.

- Mais, il fait noir, je ne vois même pas où je mets les pieds.. Offre moi au moins une braise, que je puisse m'éclairer.."

Et le Diable accepta. Il lui offrit un charbon ardent. Ne pouvant le tenir de ses mains, Jack creusa le navet qu'il avait gardé dans la poche, et glissa la braise dedans. Depuis, il erre, sa lanterne à la main.

Le tavernier du Petit Café est peut-être un peu vieux jeu, et ne vous racontera que la version "chrétienne" de cette légende. Mais le voyageur, installé à la table au fond de l'auberge, vous contera une toute autre version, qui sent la neige, le froid, et l'hydromel.. Une version païenne, en somme, de l'histoire de ce damné de Jack.

Il était, dans un pays froid, et dur, dont le sol est foulé par plus d'animaux sauvages que d'hommes, un forgeron habile du nom d'Einar. Aussi doué soit-il, Einar n'était pas beaucoup aimé par le village, et le Jarl, le chef du clan, avait reçu beaucoup de plaintes le concernant: il buvait beaucoup, il était bruyant, insultant, et on le soupçonnait d'être impliqué dans le vol des ruches qui avait privé les habitants de miel pendant une saison entière.

Il était déjà tard dans la soirée, et Einar finissait de boire sa bière, quand un homme entra. Son regard perçant, et ses chaussures, si caractéristiques, car elles lui permettaient de se déplacer sur l'air et l'eau, suffirent au forgeron pour qu'il reconnaisse le Dieu Fripon, Loki. Ce dernier essaya de le convaincre d'aller à Helheim, chez sa fille Hel, car il cherchait à enrôler des combattants pour la guerre qu'il préparait contre les autres dieux: "Viens, rejoins Hel, ma fille, et je t'offrirai de l'hydromel, la boisson des dieux. Viens, et tu auras tout en abondance..

- Entendu. Je viendrais, si tu m'offres un dernier verre, Loki."

Le Dieu se transforma aussitôt en pièce, car il était habile dans les métamorphoses. Einar s'en saisit, et la mit dans la poche de son pantalon, contre la Croix des Trolls qu'il portait toujours, et qui servait à éloigner les mauvais esprits. Bloqué par la présence de la Croix des Trolls, Loki dut accepter le marché que lui proposait le forgeron: ne pas revenir le chercher avant que dix années ne soient passées.

Lorsque se fut le moment, Loki revint, le sourire aux lèvres, voir l'habile Einar, qui buvait sous un grand pommier. "Je suis là, forgeron. Je suis là, et je t'amène chez Hel, maintenant, dit le dieu.

- En effet, en effet. J'arrive. Mais avant, cueille moi un de ces fruits, en souvenir d'Idunn, la Déesse aux pommes." Loki se hâta de faire ce qu'Einar lui demandait, mais à peine fut-il dans l'arbre, que ce dernier grava une Croix des Trolls sur le tronc. L'histoire recommençait, et Loki fut de nouveau contraint d'accepter le pacte: ne jamais amener Einar à Helheim.

Lorsqu'Einar mourut, il fut refusé au Valhalla, là où les hommes braves et courageux passaient leur mort à festoyer: il n'avait jamais été brave, et s'était contenté de lâcheté toute sa vie. Passablement énervé, il alla voir Hel, qui refusa l'entrée de Helheim: "Tu as trompé mon père, et tu as refusé de venir dans mon royaume. Loki a fait la promesse que jamais tu ne finirais ici, mais tu as été trop lâche et avare pour pouvoir rejoindre les guerriers et leurs femmes. Tu es condamné à errer entre les Mondes, sans trouver le moindre repos."

Loki, qui se tenait alors près de sa fille, sourit malicieusement: "C'est ce que l'on gagne, lors qu'on joue avec le Fripon.

- Mais si je suis condamné à arpenter les Mondes, il me faut au moins une lumière pour guider mes pas, dans la Nuit qui m'attend.. Loki, accepte au moins de m'offrir une braise, toi qui connait le feu."

Le Dieu fripon accepta, et Hel et lui se détournèrent du vieux Einar. Pour pouvoir s'éclairer, sans se brûler les doigts, le forgeron creusa le navet qu'il avait emporté avec lui dans sa veste, et glissa le charbon dedans. Depuis, Einar parcourt les Mondes d'Yggdrasil, guidé par sa lanterne de fortune.

Ces deux versions ont été écrites par moi-même, merci de ne pas les partager sans me citer. Si la première version, avec Jack, est (plus ou moins) la version traditionnelle irlandais, le conte nordique est totalement inventé (et plus inspiré de l'Asatru moderne, que de l'antique foi nordique). Libre à vous d'adapter, avec une culture qui vous parle plus que celles citées ici! :)

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